La non-discrimination est une condition du droit à l'égalité des chances et de traitement sur le marché du travail. Si ni l'appartenance ethnique ni le sexe ne peuvent être invoqués pour motiver un refus à un demandeur d'emploi, ces éléments entrent pourtant en ligne de compte pour évaluer sa candidature. Dans les secteurs du bâtiment et de l'aide à domicile, ouverts à la main-d'oeuvre immigrée, les agences Pôle emploi, les structures d'insertion et les prestataires de services/intermédiaires font jouer ces critères en matière de recrutement.
L'auteur s'est immergé durant une année dans le monde du bâtiment, en tant qu'ouvrier ; il retrace l'itinéraire de son enquête. Conditions d'emploi et de travail liées au recours croissant à la sous-traitance et à l'intérim : division des collectifs ouvriers, pratiques illégales d'employeurs, racisme et discriminations... (extrait de la quatrième de couverture).
Maintenus durablement dans un statut d'emploi précaire, les travailleurs du bâtiment doivent endurer de multiples humiliations : mensonges, agressivité verbale, moqueries, surnoms ou insultes racistes, etc. De telles humiliations sont permises par le statut relégué de leurs cibles, et dans le même temps elles entretiennent ce statut, fonctionnant comme des « pense-bêtes » rappelant la menace liée à la précarité de l'emploi...
A partir du cas du bâtiment, et plus précisément du gros oeuvre en région parisienne, cette recherche veut analyser les contradictions pesant sur le travail salarié, partagé entre : 1) Son aspect de marchandise (vente simple de force de travail, conçue comme bien détachable de l'individu). 2) Et l'impossibilité de faire entièrement du travail salarié une marchandise comme une autre, de détacher l'individu de sa force de travail, de considérer les travailleurs comme d'interchangeables fournisseurs. L'octroi d'un statut, même implicite, accompagne et dépasse toujours la dimension purement contractuelle du salariat ; il encadre la fourniture de force de travail, la qualité du travail, et la loyauté du travailleur. Ce qui ne signifie pas que le statut octroyé aux travaillleurs du bâtiment est uniforme : au contraire, alors que les garanties statutaires historiquement constituées autour du salariat s'y trouvent diminuées, les statuts conférés aux travailleurs sont divers, réinventés localement, liés à des liens personnels, et parfois à l'ethnicité. Dès lors, les modalités de "disparition" et d'"apparition" du travailleur comme personne doivent être reliées aux conditions de la production. Ce qui amène à formuler cette thèse : contre les risques contre-productifs d'un travail marchandisé où le seul ressort de la fourniture de force de travail est la discipline (par la surveillance en chantier, mais aussi les statuts d'emploi, le chômage, les conditions de séjour...), le secteur du bâtiment développe parallèlement aux mécanismes de marché des protections ponctuelles, locales, informelles, créatrices de loyauté, qui dépassent le contrat de travail. Ces protections prennent la forme d'allégeances individuelles, mais aussi de "préférences ethniques", de discriminations racistes (la valorisation des uns impliquant la dévalorisation des autres). Le passage entre ces deux formes de protection est assuré par la généralité du recrutement par cooptation. (Résumé de l'auteur)
Etude de la rencontre de deux cultures éloignées, celle des tailleurs de pierre de Barge et Bagnolo, deux villages piémontais, et celle des nouveaux habitants chinois qui sont arrivés en Italie pour accomplir le même travail.; Après avoir cerné la tradition de la taille de pierre, l'auteur analyse l'historique migratoire de la main-d'oeuvre chinoise et le travail de la pierre, puis la structure familiale et la structure productive au sein de la communauté chinoise. La communication entre les deux communautés reste difficile, quand bien même un projet de médiation voit le jour.
Exemple d'une étude des relations interethniques dans le travail.
Partant du constat de la bonne intégration des Italiens en Basse Normandie, l'auteur s'interroge sur le point de savoir si le travail dans les métiers du bâtiment (savoir-faire, ethique professionnelle) et la durable réussite des entreprises ont facilité l'intégration des Italiens.
Après avoir rappelé le contexte de l'organisation italienne essentiellement paysanne dans le Sud-Ouest, l'auteur étudie le glissement vers les métiers du bâtiment en raison de la pénurie de main-d'oeuvre d'après-guerre. Les impératifs de la reconstruction et le nouveau contexte politique, économique et social vont entraîner une restructuration de la formation professionnelle dont les jeunes ruraux (y compris les Italiens) vont profiter.
Parcours biographique et histoire d'une entreprise sous forme de témoignage/hommage du fils au père, émigré piémontais dans les années 20.
Retrace les singularités et les caractéristiques des entreprises italiennes du bâtiment de Basse-Normandie. Analyse les politiques entrepreneuriales mises en oeuvre par les dirigeants vis à vis des mains-d'oeuvre immigrées et met au jour les chemins spécifiques empruntés par les Italiens.
Analyse la spécificité de la pénétration italienne en Basse-Normandie : sa durée (depuis la fin du XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui), son extension géographique et son implantation (de nombreuses entreprises fondées par des Italiens sont toujours en activité).
Après quelques réflexions historiographiques sur les liens entre famille et entreprise, l'auteur étudie les micro-dynasties dans les entreprises immigrées. Analyse de l'organisation du travail dans un contexte de parenté et des dilemmes et pratiques de transmission de l'affaire.
Histoire d'un chef d'entreprise d'origine italienne dont l'entreprise de travaux publics créée en 1924 est devenue en 30 ans la première société du bâtiment française.
Etude à partir de l'exemple d'une entreprise d'origine italienne installée à Tours dans la deuxième moitié du XIXe siècle des flux migatoires, le chantier étant pris comme lieu symbolique des mutations sociales et de l'évolution des aspirations individuelles et collectives.